L’auteur a été médecin sexologue en France, à la cellule départementale d’accompagnement du développement de la sexualité (CDADS) du conseil général de la Marne qui est l’instance politique publique chargée à l’échelon départemental de la protection médicosociale des personnes. Dans ce cadre, entre 2002 et 2012, la prise en charge des victimes mineures ou adultes de violences sexuelles a permis de constater que les médecins ne sont pas des interlocuteurs privilégiés des victimes de violences sexuelles. Une étude publiée en 2010 montre que le délai moyen des révélations par les victimes est de 16ans. Cet article a pour objectif de montrer que les médecins peuvent être au premier plan du dépistage pour favoriser les prises en charge précoces. La méthodologie consiste en première partie à exposer la gravité des conséquences médicales, psychologiques, sociales et sexuelles chez les adultes et chez les mineurs victimes en s’appuyant sur les données de la littérature et les constats de l’auteur pour entrevoir le rôle de premier plan des médecins dans le dépistage. La deuxième partie présente des raisons qui, du point de vue de l’auteur, constituent des empêchements à ce dépistage : regard social porté sur les violences sexuelles des mineurs au fil du xx^e siècle qui n’a pas facilité leur reconnaissance ; manque d’enseignement sur le développement de la sexualité. La troisième partie renvoie au concept de santé sexuelle et aux approches cognitives, sociales et biologiques du développement de la sexualité pour comprendre l’impact des violences sexuelles sur le développement sexuel et global des mineurs et sensibiliser au dépistage. L’expérience de la CDADS illustre en pratique comment la formation des médecins et autres professionnels à ces données théoriques a favorisé l’accès des victimes au soin. La conclusion ouvre sur la pertinence de la démarche engagée à la CDADS au regard du contexte actuel : alors que l’on assiste à une augmentation des comportements sexuels problématiques chez les mineurs, elle permettrait de dépister précocement des violences sexuelles sous-jacentes et d’apporter une réponse adaptée.

The author of this paper has been a sexologist practitioner in France in the Cellule Départementale d’Accompagnement du Développement de la Sexualité (CDADS) — the local agency for support in the development of sexuality; the public body in charge of medical and social protection of the population at local level within the General Council of the Marne department of France. Within this framework, between 2002 and 2012, the management of minors or adult victims of sexual abuse revealed that medical practitioners are not the first point of contact for victims of sexual abuse. Research published in 2010 showed that the average time taken by victims to report their abuse was 16years. The aim of this article is to show that medical practitioners can be in the frontline for screening and enabling early management of such cases. The methodology consists firstly in raising awareness of the severe consequences of such abuse at a medical, psychological, social and sexual level for adults and minors who are victims, based on data from the literature and the observations of the author in trying to understand the primary role of medical practitioners in the screening process. The second half of the article presents what the author believes are obstacles to awareness of this problem; the social image of sexual abuse of minors throughout the 20th century has not facilitated its recognition as such; in addition to lack of education about the development of sexuality. The third part establishes a link between the concept of sexual health, cognitive, social and biological approaches and the development of sexuality in order to understand the impact of sexual abuse on the sexual and overall development of minors, and raise awareness of screening for problems of sex abuse. The experience of the CDADS is a practical illustration of how the training of doctors and other health practitioners at this theoretical level is able to increase the victims’ access to care. The conclusion insists upon the relevance of the approach adopted by the CDADS within the context of the current situation. At a time when problematic sexual behaviour is rising amongst minors, this approach offers the possibility of early identification of underlying sexual abuse in order to offer an appropriate response.